L’ego, valeur indéniable

Faire barrage à l’ego, responsable de tous les maux humains ?

Cela est tout aussi illusoire que toutes les formes de chantage émotionnel et culpabilisant qu’a pu connaître notre humanité à travers les siècles.

Cependant, pour en arriver à cette idée, j’ai bien sûr d’abord tout tenté pour me libérer de cet ego si terrible qu’est le mien et qui m’empêchait d’être intérieurement harmonieuse.

J’ai tourné sur moi-même un temps inimaginable dans le seul et unique but de m’en débarrasser. Je l’ai attrapé par tous les angles, par tous les moyens que j’ai pu trouver, mais le seul qui aura porté ses fruits et m’aura conduit à ma paix est celui de l’amour.

Mon amour pour ce que je suis avec mon ego, avec ce qu’il me permet de découvrir sur le reste de moi-même et dont il s’attelle à protéger sans cesse l’intégrité.

Je lui ai offert le droit de remplir son rôle en toute légitimité et de cette dernière découle à chaque instant ma compréhension et ma reconnaissance pour ce qu’il est, donc ce que je suis.

Je l’ai pleinement adopté et intégré. Nous sommes désormais complètement unis, toujours pour le meilleur même si ce dernier me fait d’abord miroiter le pire.

Si je décide aujourd’hui de prendre ma plume c’est tout d’abord, pour mon autosatisfaction de mettre à plat, à travers des mots inscrits dans la matière, l’expérience la plus précieuse qui soit offerte à l’humain, celle de se trouver et, en second lieu, afin de rejoindre chacun de vous qui voudrez bien me suivre dans mon voyage initiatique.

Je suis consciente que toutes les lignes ne vous seront pas toujours totalement accessibles, mais laissez-les être librement pour vous afin qu’elles quittent mon espace intérieur et épousent le vôtre.

De plus, l’incompréhension fait partie de la compréhension.

Elle est souvent nécessaire dans un premier temps, car elle permet de laisser fleurir les choses en soi et offre des cadeaux qui, grâce à elle, perdurent dans le temps.

Ce que je veux dire, c’est que le sens que je donne à une phrase, qui parle d’un vécu intime et qui est donc de l’ordre du subtil, est difficile à transmettre puisque dépassant souvent une idée concrète et imprimable de façon logique et non paradoxale.

Certaines personnes de mon entourage auxquelles j’ai fait lire mon récit avant publication m’ont confié leur crainte que certains passages ne puissent pas être reçus par mes lecteurs en raison de leur complexité et de leur caractère aléatoire.

Je vous dis ceci.

Donnez aux mots la liberté qui est la vôtre afin qu’ils vous emmènent dans vos contrées peuplées de vos images, de vos ressentis et de vos interprétations.

C’est à mon sens complètement égal que vous perceviez le sens exact de chacune de mes paroles, car elles ne sont pas immuables, je ne les possède pas.

Je les utilise, précisément, afin de véhiculer mon message empreint de mes sentiments. Il faut cependant que vous gardiez bien à l’esprit que mon vécu ne peut être que le mien.

Les mots que je choisis s’adaptent à lui, mais dès qu’ils quittent mon espace, ces mots sont libres de venir s’assembler à votre vécu, votre ressenti, vos images.

Les mots sont insaisissables, leur sens est infini, ils offrent des présents sur leur passage dont l’expression est aussi multiple que les êtres qui les réceptionnent.

Quant à moi, ces phrases naissent en mon espace libre, celui dans lequel les opposés ne le sont plus. Elles crient la joie de ma découverte et c’est pour ceci que je ne peux les modifier pour vous rejoindre davantage, car cela irait à l’encontre de moi-même et de la spontanéité de ce qui en sort.

J’espère cependant pouvoir vous apprivoiser le temps de votre lecture afin de vous offrir ce que mon parcours intérieur m’a offert, réussir à m’aimer. Ceci est mon vœu qui remplit entièrement mon cœur, tourné vers vous.

Il est également très important de vous dire, avant que vous ne poursuiviez, que mon langage envisage l’option que, généralement, nos âmes ne s’incarnent pas qu’une fois.

Cette idée m’est apparue naturellement dès mon très jeune âge malgré l’environnement catholique dans lequel j’ai été élevée et donc l’impossibilité d’une telle éventualité. La réincarnation était pour moi la seule logique me permettant de donner un sens à nos constitutions et existences diverses.

Que vous sachiez ceci maintenant est important, car toute la suite de cet ouvrage est basé sur cette notion « d’avant » qui reste toujours intangible pour le mental, mais qui dicte précisément le façonnement du corps que l’on habite aujourd’hui. Je vais bien sûr développer ceci de plusieurs façons.

Lorsque je parle de réincarnation, j’utilise le terme le plus compréhensible pour aborder cette idée d’expériences antérieures à notre corps et son souvenir. Cependant, toute autre forme de croyance ce concernant peut être compatible avec ce que je souhaite partager, car j’en suis arrivée finalement à une seule certitude, à savoir que tout est envisageable.

Ainsi, si le mot réincarnation vous rebute, osez passer dessus afin de me rejoindre avec votre croyance, car, au fond, elles sont toutes du domaine du possible.

Je disais plus haut que l’espace d’où je vous parle est dénué d’opposition alors je vais tenter de vous expliquer comment cet espace vit en moi, malgré le monde duel dans lequel nous évoluons tous et qui nous demande trop souvent de faire abstraction de ce que nous sommes.

L’ego est, à mon sens, un autre mot pour dire personnalité. Il est souvent convenu de séparer cet ego du reste de la personne qui le porte croyant ainsi pouvoir lui imputer la responsabilité des déviations humaines.

Forcément, comment pourrait-on mieux se débarrasser d’un apparent problème que de le mettre à la porte ?

L’ego, la personnalité, évolue et ainsi, petit à petit, apprend à laisser se manifester ce qu’elle est au-delà des apparences.

L’explication de ceci et ma façon pour y arriver sont les principaux sujets que je développerai.

Il est impossible, et surtout culpabilisant, de demander à un être d’oublier son ego et d’agir sans lui. Cela reviendrait à demander à un handicapé de se lever et de marcher. C’est un déni de condition.

Etant donné que nos têtes sont très empreintes de cette notion d’ego pouvant être séparé du reste de la personnalité, je vais l’aborder, de façon imagée, comme une sorte d’enveloppe. Cette dernière, comme toute enveloppe d’ailleurs, est étroitement intégrée à ce qu’elle renferme et, de ce fait, protège.

L’ego est ainsi créé pour nous protéger d’éventuelles blessures déjà affrontées par le passé et qui seraient susceptibles de se rouvrir sans son intervention, lorsque l’être n’est pas prêt émotionnellement à les gérer.

Si vous pouvez me rejoindre dans la réalité qu’une écorce d’orange n’est pas dissociable de l’orange avant sa maturation et sa dégustation, vous pouvez aussi me suivre dans celle qui me dit que l’ego fait partie intégrante de l’être humain et de son évolution.

Ce n’est pas ce qui se trouve sous l’écorce de l’orange ou en deçà de la protection de l’ego qui décide du moment de la fin de la maturation. Il n’y a que la vie et son cours qui puisse le faire.

Cessez donc de vouloir vous enlever votre bon droit à maintenir votre protection, mission remplie par ce que l’on peut appeler ego et que j’assimile complètement à l’entièreté de la personnalité.

L’ego existe afin de nous permettre de nous étreindre à nouveau.

Il est le passage de la connaissance de soi.

Vous le chargez de tous les maux lorsqu’il s’exprime avec outrance, mais soyez conscients que vous êtes des egos à chaque inspir. Vous le manifestez aussi lorsque vous êtes en harmonie avec ce que vous vivez. La seule différence est, qu’à ce moment-là, vous n’êtes pas confronté à une blessure intérieure qui le fait réagir fortement et vous êtes donc en dehors de votre volonté d’être autre.

Votre ego, votre personnalité, est la concrétisation de votre seule réalité.

Elle va peut-être à l’encontre de ce que vous souhaiteriez taire à jamais pour manifester enfin cette quiétude intérieure, gage de votre accession à la perfection.

Ceci est une illusion, une impossibilité et c’est la raison qui fait que vous ne vous laissez pas révéler cette excellence tant espérée.

A vouloir vous couper de ce que vous êtes dans votre totalité, vous partez en vous oubliant donc vous n’y arrivez jamais.

Cela ramène à nouveau à l’image de l’handicapé. Il pourra faire tous les pas qu’il désire dans sa tête, mais en tout cas pas dans son corps physique.

L’ego cesse d’être un mal à tuer une fois qu’il est abordé avec amour. Il s’allège au fur et à mesure de la réappropriation du corps physique par l’esprit.

Par esprit, j’entends la partie de notre être qui est restée en conscience totale de ce qu’elle est réellement, sa partie divine en quelque sorte.

J’aborderai la constitution de ce que j’appelle l’être au chapitre suivant, mais vous pouvez certainement déjà pressentir que si l’ego est la personnalité, vouloir en faire fi pour s’unir à notre divinité reste la plus grande illusion qui soit.

Si l’ego réagit de manière si forte, c’est qu’il appelle votre personne à l’écoute de cette réaction afin de comprendre et de soigner avec compassion ce qui est mis en évidence.

Abordez-vous avec beaucoup d’amour et de patience afin de comprendre la raison de votre débordement et de vos malaises. Vous n’aurez pas tous les éléments du premier coup, mais, petit à petit, vous les découvrirez et ainsi apprendrez à connaître la profondeur et la beauté de votre constitution.

N’oubliez surtout jamais de rester indulgent et patient avec vous-même.

La lenteur est aussi indispensable que la rapidité et elles sont dictées par la nécessité du passage.

Ce n’est pas sous prétexte d’avoir porté une fois votre conscience sur votre mal qu’il s’évaporera. Les soins apportés à travers votre compassion doivent être réitérés encore et encore jusqu’à ce que vous n’en ayez plus besoin. Vous n’atteindrez, dans la majorité des cas, jamais la totalité des raisons de votre souffrance, car la liste est quelquefois très longue et anticipe souvent la naissance de votre corps, donc du mental.

Quoi qu’il en soit, l’importance ne se situe pas dans l’énumération distincte de nos maux intérieurs, mais bien dans notre réponse globale d’acceptation et d’accueil.

Tout est dans l’instant présent, c’est pour cela que vous pouvez ne pas me rejoindre dans l’idée de vies multiples, peu importe, car l’essentiel réside uniquement dans notre capacité à être dans l’ouverture totale face à soi.

La croyance ou non-croyance en des vies antérieures n’est pas le sujet. Le seul qui le soit est la réception aimante de ce qui vit en soi, dans l’instant présent, et ceci inconditionnellement.

Soyez toujours, autant que possible, cet accueil aimant pour tout ce qui sort de vous. Ce n’est que comme cela que vous retrouverez l’harmonie, car ce n’est que comme cela que vous êtes entièrement vous-même.

Nous pensons tous en terme de temps. « Cela fait 50 ans que je souffre de cet état en moi… ». Essayez juste de comprendre que dans votre seule réalité, celle que vous avez accepté d’oublier pour expérimenter l’incarnation, le temps n’a aucune emprise. Donc, peu importe le temps que cela prend, l’important c’est de vous aimer et ainsi de vous réunifier avec, en cadeau, la somme des expériences que vous aurez vécues.

Vivre en harmonie avec sa personnalité est essentiel si l’on veut être à même de se soigner des perditions douloureuses que nos choix d’exploration nous font vivre.

Notre humanité a des siècles de souffrance à son actif, cette souffrance appartient à chacun et à tous, elle est l’expression en devenir du plus bel espoir, celui pour lequel nous respirons.

Cette souffrance nous colle à la peau. Soyons enfin les amoureux de notre geste courageux d’incarnation. C’est avec cette conscience que cessera notre culpabilité de ne pas se sentir à la hauteur de ce geste.

Cette culpabilité, auto-inculquée, nous empêche de nous sentir digne de notre nature divine. Elle est la raison pour laquelle nous n’arrivons pas à manifester totalement la magnificence de ce pourquoi nous existons.

Même si ce reniement fait partie de cette beauté et a été nécessaire pour la rendre encore plus vivante, il est peut-être temps de quitter cet état qui nous fait tourner en rond sur nous-même et nos fautes.

Notre planète n’est pas ronde par hasard.

Elle épouse dignement la géométrie de nos pensées. Elle les dépasse surtout pour nous faire comprendre l’au-delà de la réflexion, espace inaccessible dans sa totalité, mais cadeau dans ses bribes d’expression.

Faire abstraction des mécanismes naturels de l’ego ou de la personnalité est possible un moment et nous nous attelons tous à cette gymnastique rocambolesque. Cependant, tôt ou tard, survient un événement qui rappelle la personne à son échec d’y parvenir. Elle se constate alors toujours autant juge de chacun de ses gestes et de ses pensées qu’elle classe ensuite dans la case bien ou mal de son mental.

La première case la rassure, lui donne de l’espoir pour un éventuel salut. Quant à la deuxième, elle l’angoisse, la culpabilise de ne pas être digne de ce qu’elle voudrait être. Jugement, culpabilité, repos, espoir, c’est un cercle vicieux.

L’ego peut, bien entendu, se manifester de manière apaisée, mais cela se fait de façon naturelle et non pas parce qu’on le décide.

En réapprenant à s’aimer, les blessures s’amenuisent, car elles sont englobées et écoutées.

L’amour porte la compréhension dont découle la guérison.

L’ego, dont la nature principale est la défense, se tranquillise. Voyez en lui votre ami protecteur. Petit à petit, vous constaterez qu’une fois aimé et apprécié pour ce qu’il est, il se manifeste différemment.

Barrez-lui la route avec vos jugements intérieurs et il se gonflera car écarté.

Lorsque votre enfant fait une erreur, remettez-vous en question tout ce qu’il est ou avez-vous le geste maternel ou paternel de l’orienter avec votre cœur et votre détermination ?

Faites la place en vous à cet espoir d’incarnation d’amour afin que la vie vous apprenne à laisser être, aussi pour vous, ce parent qui vous aime au-delà de l’apparente immaturité et des dysfonctionnements qu’elle énonce.

Vous avez, quoi que vous en pensiez, toujours une raison d’agir tel que vous le faites. Vous pourrez peut-être acquiescer, mais lorsque vous vous retrouverez face à une réaction que vous n’aimez pas, vous quitterez votre capacité à maintenir cette réalité et vous vous abandonnerez à votre réprobation.

Si nous pouvions être davantage conscients des pas qui ont été les nôtres avant notre incarnation dans notre personnalité présente, nous serions plus à même d’être indulgents envers nos manques qui nous agacent ou nous torturent.

Réapprenez vos pas, muets pour votre réalité humaine, mais parlant de votre réalité multidimensionnelle.

J’ai souvent entendu dire qu’il fallait observer son ego. Je ne sais pas s’il est suggéré par là que l’on peut se séparer de lui pour l’observer. Il ne peut, à mon sens, certainement pas s’observer lui-même. La partie de l’être qui observe fait partie intégrante de la constitution de l’ego ainsi comment pourrait-il s’extraire de lui-même ?

La seule et unique chose qu’il puisse faire, c’est s’offrir sa légitimité afin qu’elle apprenne, en même temps que lui, à être continuellement honorée.

Le reste de notre être est unité. Comment peut-il nous aimer entièrement si nous émettons des objections à son amour concernant certaines parties qui nous composent et que nous renions ou sous-estimons ?

Son amour ne peut aller que jusqu’où nous sommes prêts à le laisser passer.

Ce laisser-passer est le rôle de l’ego, de la personnalité et il doit apprendre à être inconditionnel afin que l’amour puisse s’infiltrer unitairement en nous. Sans cela, l’amour s’arrête aux portes de notre non-acceptation.

Nous pensons tous avec notre mental. Il est la tête de l’ego, l’instigateur de la rotation des pensées. Souvenez-vous cependant toujours qu’il fonctionne en reflet précis de la constitution de la personnalité ou ego qu’il est. Donc nul besoin de lui faire endosser la faute des tourbillons dans lesquels il vous emmène, car, si vous les vivez, ils ne sont rien d’autre que vous-même.

Par nos expériences diverses et souvent à force de foncer dans le mur, le mental cède une place au reste de son être qui peut ainsi l’extraire suffisamment pour l’éduquer.

L’être englobe le corps, l’âme et l’esprit.

Par corps j’entends personnalité, ego, cœur, mental. Dans ma pensée, les quatre sont indissociables au-delà du mode de fonctionnement de notre mental qui cherche à disséquer tout ce qu’il aborde.

Je reviendrai plus loin sur ce ménage à quatre qui devient un dans ma façon d’appréhender ce qu’est le corps.

Pour en revenir à la volonté, à mon sens illusoire, de s’observer soi-même, il faut, pour ce faire, tout d’abord s’extraire de notre regard duel et se baser sur la conscience des autres parties plus subtiles qui nous habitent afin de pouvoir réellement s’évaluer.

Cette estimation sera alors aimante, car en cognition et non sous forme de vendetta dans laquelle le mental tombe souvent.

Afin d’être réellement en mesure d’observer quoi que ce soit, il faut d’abord faire un avec.

S’offrir la liberté mentale d’oser s’unir consciemment à son ego est le seul chemin porteur de liberté, car il est le seul qui apprenne la non-observation puisqu’en lien unique.

Lorsque cette légitimité est offerte consciemment à l’ego, le lien intérieur avec l’âme et l’esprit qui en découle naît, il vit, mais il doit être confirmé à chaque instant afin de rester uni.

La dualité dont est faite l’ego reste son seul ingrédient, indubitablement. C’est pour cela que ce lien à l’unité intérieure doit être affirmé sans cesse puisqu’il n’est jamais inné pour l’ego.

La dualité est l’unité (le un) additionnée d’une autre unité, la personne dans le cas qui nous concerne.

L’ego étant uniquement la personne, il ne peut se baigner longtemps dans la réalité de l’unité puisqu’il est le sujet qui donne vie à la dualité.

Incarner ce lien à l’unité malgré la dualité qui nous donne corps, et ceci à notre façon individuelle, est notre rôle, le seul. Je vais essayer, tout au long de cet ouvrage, d’expliquer ce que cette phrase implique, pratiquement, à mes yeux.