Nous avons tellement été éduqués à croire que nous n’avions, en somme, aucune légitimité et que tout se décidait à l’extérieur de ce corps si rempli de péchés, qu’il faut apprendre à réintégrer notre pouvoir si l’on veut être à même de se retrouver.
Ces retrouvailles se font dans la force et la responsabilité et non pas dans la soumission et la faiblesse …
Le jugement s’accompagne toujours de la comparaison, quel que soit le sens, positif ou négatif, de l’acte ou de la pensée émanant de soi ou des autres.
L’être humain, en apprentissage de conscience de lui-même, donc d’autrui, imagine les possibilités d’action ou de pensée comme uniformes et, souvent malencontreusement, de son seul point de vue …
Votre vie vous reflète et devance votre espoir de réussite, rien de ce que vous vivez, ressentez, ou subissez ne prend source en dehors de vous, rien, jamais. C’est la loi.
Nous ne sommes pas des victimes, nous sommes uniquement face à nous-même, à chaque seconde.
Ce face à face reste inconscient, avec toute l’attitude rebelle qui s’y joint, jusqu’à l’instant où la personnalité sort du mutisme dû à sa non-voyance.
C’est à ce moment-là qu’elle engage réellement et consciemment un partenariat d’amour et d’authenticité avec son âme.
Les événements de vie peuvent continuer à être durs, mais la personnalité a cessé de les imputer à la malchance et à l’injustice. La place est prise pour l’éternité.
Les personnes qui ne se jugent pas sont soit avant le processus d’auto-regard ou l’ont déjà dépassé.
Ce processus a toujours lieu, il n’est pas de même durée pour tous, mais il fait partie du retour à soi de l’âme.
Tant que la personnalité n’a pas trouvé sa place, elle bataille à l’extérieur dans l’espoir de s’en forger une.
Elle n’est, alors, pas du tout en état de se culpabiliser, car le besoin vital qu’elle a lui enlève toute possibilité d’introspection puisqu’elle est en phase de conquête.
C’est durant l’exploration de l’extérieur que l’inconscience de soi et des autres se vit avec le plus d’intensité.
Une fois lasse de ses recherches extérieures et consciente de sa seule destination intérieure, elle prend sa place et se demande si elle en est digne.
C’est durant cette phase d’introspection et de bataille intérieure que l’on expérimente avec le plus d’acuité le jugement et la culpabilité. C’est l’état des lieux, en quelque sorte.
Deux types de consciences mènent à la liberté: la première, celle qui vient d’être mentionnée est celle de l’introspection, l’état des lieux, et la deuxième, celle qui nous en émancipe …
Lorsque nous comprenons que nous sommes nos critiques, elles deviennent compassion …
C‘est l’amour inconditionnel de soi qui rend libre.
Il est notre ailleurs et sa seule demande est notre implication.
Il n’usurpe pas les réactions naturelles, mais il dicte sa conduite amoureuse quant à tout ce qui se manifeste en soi :
les pensées ou actes montent à la surface de la conscience, on les dissèque et, tout en le faisant, on les aime déjà car elles représentent notre légitimité, celle que nous pourchassons depuis si longtemps.
Celui qui a beaucoup marché sait s’offrir la reconnaissance des répercussions de son parcours qui le mènent dans son présent, son cadeau …
Le non à autrui est la réponse que la vie vous conduit à donner depuis la nuit des temps. Cela s’appelle se sentir digne de soi, digne du oui, digne du non.
Rassurez-vous par vos actes sur votre propre valeur tant que vous n’arrivez pas à la constater naturellement, mais soyez conscient qu’à chaque occasion qui se présentera, la vie vous confrontera à votre insatiable besoin de vous trouver beau, enfin.
Etre beau c’est se sentir digne. Digne même si l’on ne peut pas faire mieux, même si l’on est absent, même si l’on tire la couverture à soi, car on en ressent encore le besoin, peut-être irraisonnable, mais bien réel.
Tout ce qui vous angoisse ne se modifiera jamais par la force de votre jugement. La seule force qui puisse vous faire évoluer est l’offrande de votre reconnaissance à vos petitesses qui sont le cadeau offert par votre grandeur …